Voir notre POLITIQUE DE CONFIDENTIALITÉ.
Paul-André Gallant, président de l’Ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec
David Gélinas, président de l’Ordre des audioprothésistes du Québec
Depuis quelque temps, l’audition prend de plus en plus de place dans l’actualité. Chocs acoustiques au parlement canadien, des mouvements citoyens pour contrer les impacts négatifs du bruit causés par la construction, les concerts, la circulation automobile, les corridors aériens ou encore les passages répétés des trains.
Le 7 mai est la Journée nationale de l’audition et c’est l’occasion de rappeler haut et fort que la déficience auditive est un enjeu majeur de santé publique. C’est l’une des déficiences physiques les plus répandues, mais il est possible d’en réduire les impacts grâce à la prévention. L’heure est donc venue de s’y attarder, sérieusement.
Au Québec, 864 000 personnes présentent une déficience auditive permanente, c’est 10 % de la population. Et les chiffres ne feront qu’augmenter. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, une personne sur quatre vivra avec une perte auditive d’ici 2050. 25 % de la population mondiale !
Il existe un véritable stigma lié à la surdité. Les troubles auditifs constituent un handicap doublement invisible, d’abord aux yeux de la société, mais aussi parce qu’ils sont cachés par les personnes elles-mêmes, par peur du jugement ou du regard des autres. Des études démontrent d’ailleurs que ce stigma est aussi important que celui lié à la dépendance à l’alcool. Ceci peut expliquer qu’un délai moyen de sept ans s’écoule avant qu’une personne qui soupçonne avoir une perte auditive consulte et que seulement 20 % des adultes atteints de perte auditive utilisent des appareils auditifs.
La perte auditive est généralement lente et indolore, mais elle est souvent permanente et irréversible. Sans compter les conséquences négatives sur la santé globale de la personne : augmentation du risque de démence, fatigue cognitive, isolement social, diminution de la qualité de vie et des activités, détresse psychologique, anxiété, risque de chute, perte d’emploi, etc.
On ne peut se mettre la tête dans le sable, le train du vieillissement de la population est bien en marche et ne fera qu’accélérer sa course au cours des prochaines années. Les données le démontrent : d’ici 2040, la proportion de Québécoises et Québécois de 80 à 89 ans va doubler. Doubler, en seulement 15 ans.
Bien que la perte auditive puisse toucher les personnes de tous âges, les risques augmentent avec le vieillissement d’une personne. À l’heure actuelle, environ 32 % des personnes âgées de 65 ans ou plus ont une déficience auditive suffisamment importante pour nuire à leurs activités quotidiennes. À partir de l’âge de 75 ans, cette statistique augmente à 47 %.
Ajoutons à cela que la perte auditive touche près de 80 % des gens en CHLSD, mais est seulement identifiée pour moins de 50 % d’entre eux.
Les statistiques parlent d’elles-mêmes. Les constats sont sans équivoque. Les besoins en santé auditive sont grands et deviendront énormes à court terme. Il faut en faire une priorité gouvernementale et sociétale. En cette Journée nationale de l’audition, en tant que présidents d’ordres professionnels dont la mission est de protéger le public, nous demandons à nos décideurs de mettre à l’avant plan cette problématique majeure de santé publique, de mettre en place des programmes de prévention et de sensibilisation et de faire en sorte que les services en santé auditive soient accessibles pour toutes et tous.