Voir notre POLITIQUE DE CONFIDENTIALITÉ.
Montréal, le 22 janvier 2021 — L’Ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec (OOAQ) partage la volonté du gouvernement du Québec de moderniser le régime de santé et de sécurité au travail en matière de prévention et de réparation des lésions professionnelles, et salue l’ampleur des modifications proposées dans le projet de loi 59. Toutefois, l’OOAQ est d’avis que certains articles doivent être revus rapidement, car ils ne sont pas en accord avec les récentes études et les données probantes, et portent atteinte à la protection du public.
« Des éléments touchent directement les droits des travailleurs victimes de surdité professionnelle puisqu’ils réduisent les possibilités d’indemnisations et diminuent les possibilités d’obtenir des aides auditives et des services de réadaptation couverts par la CNESST », explique Paul-André Gallant, président de l’OOAQ.
Le 21 janvier dernier, l’Ordre a d’ailleurs fait parvenir ses commentaires aux membres de la commission qui étudient le projet de loi 59 ainsi qu’au ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Monsieur Jean Boulet. Parmi les faits soulevés, appliquer un facteur de correction de 0,5 décibel aux travailleurs âgés de 60 ans et plus va à l’encontre des données scientifiquement reconnues et peut porter préjudice aux travailleurs. En effet, la lente dégradation de l’audition due à l’âge n’est pas uniquement attribuable au vieillissement des structures et des fonctions de l’oreille. Des preuves existent qu’une large part de cette atteinte pourrait venir de l’exposition au bruit. Le projet de loi 59 doit reconnaitre la pleine valeur de leur perte auditive due au bruit.
De plus, exclure les travailleurs ayant une atteinte auditive unilatérale ou asymétrique, comme une personne ayant une perte auditive du côté gauche, par exemple, nous apparait comme un non-sens.
Totalement absent du projet de loi, l’acouphène doit également être ajouté comme un symptôme aggravant de la maladie professionnelle. D’autant plus que l’on considère que 90 % des personnes ayant un acouphène chronique ont aussi avec une perte auditive. Rappelons que les Anciens Combattants Canada et la Société de l’assurance automobile reconnaissent l’acouphène comme une invalidité indemnisable.
Lourdes conséquences
Les conséquences des troubles de l’audition non reconnus et non indemnisés peuvent être nombreuses et très lourdes pour les travailleurs atteints. Cela peut, entre autres, entrainer une fatigue cognitive, de l’isolement social ou encore une diminution de la qualité de vie. « En privant un travailleur d’outils d’aide à l’audition et à la communication, on lui retire une partie de sa dignité, de son autonomie et de sa participation sociale », affirme M. Gallant.
Notons que l’exposition au bruit en milieu de travail est un phénomène important au Québec ; il est estimé que 287 000 à 359 000 travailleurs seraient exposés à des niveaux de bruit suffisamment élevés pour entraîner une surdité.
Les audiologistes sont des experts de l’audition. Ils possèdent des connaissances notamment en anatomie, physiologie, neurologie, linguistique, psychologie, fonction auditive et vestibulaire ainsi que de leurs troubles. Ils travaillent auprès des personnes de tous âges, des nouveau-nés aux ainés.
L’OOAQ réitère sa détermination à travailler avec les instances gouvernementales dans le but d’améliorer l’accessibilité aux services en santé auditive et réduire les méfaits du bruit dans les milieux de travail afin que le public soit réellement protégé.
L’OOAQ contribue à l’amélioration de la qualité de vie de la population québécoise en s’impliquant dans différents dossiers publics en lien avec la santé et l’éducation. Comptant plus de 3400 professionnels, dont 485 audiologistes, l’Ordre a pour mission d’assurer la protection du public au regard du domaine d’exercice de ses membres soit l’audition, le système vestibulaire, le langage, la voix, la parole, la communication et leurs troubles. Il est notamment chargé de contrôler l’accès aux professions d’orthophoniste et d’audiologiste, de soutenir le maintien et le développement de la compétence de ses membres et de surveiller leur exercice professionnel.