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Montréal, le 17 mai 2023 — Avec le vieillissement de la population et les impacts du bruit, c’est un véritable tsunami de déficience auditive qui frappera le Québec dans les prochaines années. Le Québec est-il prêt à faire face à cette vague déferlante qui entraînera des répercussions majeures sur la santé globale de la population ? Pour l’Ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec (OOAQ), la réponse est non. D’où l’importance de s’y préparer adéquatement, dès maintenant.
Véritable enjeu de santé publique, la surdité et les problèmes d’audition affectent des personnes de tous âges, notamment les personnes âgées de 65 ans et plus. Or, le Québec est l’un des endroits au monde où la population vieillit le plus rapidement. Selon l’OOAQ, à l’occasion du Mois de l’ouïe et de la communication, il est impératif de reconnaître que la communication humaine, qui comprend l’audition, est un incontournable déterminant de la santé sur lequel il est possible d’agir collectivement.
« Les troubles auditifs constituent un handicap doublement invisible, d’abord aux yeux de la société, mais aussi parce qu’ils sont cachés par les personnes elles-mêmes, par peur d’en être stigmatisés. Des études démontrent d’ailleurs que le stigma associé à une perte auditive est aussi important que celui lié à la dépendance à l’alcool ou l’incontinence urinaire », a d’abord précisé Paul-André Gallant, président de l’OOAQ.
La perte auditive est l’une des déficiences physiques les plus répandues. Au Québec, plus de 864 000 personnes présentent une déficience auditive permanente, soit 10 % de la population. Quelque 33 % des personnes âgées de 65 ans et plus ont une perte auditive suffisamment importante pour nuire à leurs activités quotidiennes. À partir de l’âge de 75 ans, l’incidence augmente à 50 %.
Chez les plus jeunes, les impacts du bruit ne sont pas à négliger. Selon l’OMS, 50 % des personnes de 12 à 35 ans risquent d’avoir une perte auditive due à une exposition prolongée ou excessive à des sons trop forts, notamment la musique dans leurs écouteurs. Les besoins sont donc en constante augmentation et ne feront que s’accélérer dans les 20 prochaines années.
Selon l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), pour la première fois dans l’histoire, la proportion de personnes âgées de 65 ans a surpassé celle des jeunes de moins de 20 ans en 2022. D’ici 2066, le groupe des 65 ans et plus connaîtrait une croissance d’un million de personnes, ce qui représentera 27 % de la population totale.
« Malgré ces données inquiétantes et les répercussions qu’une surdité non traitée engendre en termes de soins et services, de ressources matérielles et de coûts, nous n’avons pas les ressources humaines nécessaires pour répondre aux besoins actuels de la population québécoise. En considérant que l’augmentation des effectifs en termes de professionnelles et professionnels de la santé auditive n’est pas proportionnelle à l’augmentation exponentielle des besoins, imaginez ce que ce sera demain », a poursuivi M. Gallant.
« Ces fonctions humaines et fondamentales que sont l’ouïe et le langage devraient être élevées au rang des priorités d’actions, d’intervention et de prévention par le gouvernement. »
Rappelons que des expertes et experts estiment que le coût des surdités non traitées au Canada est de 20 milliards par année, soit 11 800 $ par personne. Des coûts qui iront en augmentant avec le vieillissement de la population.
« Ces fonctions humaines et fondamentales que sont l’ouïe et le langage devraient être élevées au rang des priorités d’actions, d’intervention et de prévention par le gouvernement. Il faut agir en amont, prévenir, sensibiliser, former le personnel et utiliser efficacement toutes les ressources disponibles », a souligné M. Gallant.
Le Québec compte actuellement un peu moins de 1000 professionnelles et professionnels de la santé auditive. De ce nombre, 500 sont des audiologistes qui sont restreints dans leur champ d’exercice en ne pouvant poser, vendre et renouveler les appareils auditifs, contrairement à tous leurs homologues en Amérique du Nord. Cette situation unique au Québec est due à des freins législatifs vieux de 50 ans. Pour l’OOAQ, il n’est ni logique ni souhaitable pour le continuum de soins que les audiologistes ne puissent pas remettre et poser des appareils auditifs aux personnes qu’elles et ils viennent d’évaluer, en choisissant des produits qui répondent directement à leurs besoins.
À titre comparatif, en Ontario, le nombre de personnes autorisées à poser et vendre les appareils auditifs est estimé à 3000, soit 6 fois plus qu’au Québec pour une population d’un peu moins du double. « Comparativement à l’Ontario, le Québec se retrouve en déficit net en termes de ressources dédiées à la santé auditive. Il faut donc remédier à la situation en utilisant toutes les forces vives inexploitées pour augmenter l’offre de services à la population. Il faut avoir la volonté politique d’anticiper ces changements et légiférer rapidement pour changer la donne », a indiqué Paul-André Gallant.
Au cours des dernières années et encore récemment, l’OOAQ a fait état de nombreuses propositions visant à améliorer l’accessibilité ou l’offre de nouveaux services. Par exemple :
« En changeant d’approche, en mettant en place des solutions novatrices comme celles que nous proposons, en misant davantage sur les interventions hâtives et préventives plutôt que curatives et en privilégiant l’élargissement des pratiques professionnelles, il serait possible d’améliorer les continuums de soins et de services et influencer durablement et positivement les conditions de vie des personnes tout en réduisant la demande et l’intensité des soins et services et les coûts qui en découlent. Il est temps de faire face à la vague », a conclu M. Gallant.
L’OOAQ contribue à l’amélioration de la qualité de vie de la population québécoise en s’impliquant dans différents dossiers publics en lien avec la santé et l’éducation. Comptant 500 audiologistes et plus de 3 200 orthophonistes, l’Ordre a pour mission d’assurer la protection du public au regard du domaine d’exercice de ses membres, soit l’audition, le système vestibulaire, le langage, la voix, la parole, la communication et leurs troubles. Il est notamment chargé de contrôler l’accès aux professions d’orthophoniste et d’audiologiste, de soutenir le maintien et le développement de la compétence de ses membres et de surveiller leur exercice professionnel.