Mise en contexte
Au Québec, environ 845 000 personnes présentent une déficience auditive irréversible pouvant induire des incapacités auditives, soit 10,67 % de la population, ce qui en fait l’une des déficiences physiques les plus répandues dans la population. Dès l’âge de 65 ans, environ 33 % des aînés ont une déficience auditive suffisamment importante pour nuire à leurs activités quotidiennes. À partir de l’âge de 75 ans, l’incidence de la déficience auditive augmente à 50 %. Cette incidence est encore plus importante chez les aînés qui reçoivent des services de soutien à domicile (SAD) ou qui habitent en centre d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD), où elle peut atteindre 60 à 80 %. Par ailleurs, il appert que plus de la moitié des résidents de CHSLD touchés par la déficience auditive ne seraient pas identifiés. Les conséquences de la déficience auditive sont importantes. Concrètement, pour une personne âgée recevant des services de SAD ou résidant en CHLSD et présentant une déficience auditive non identifiée ou non traitée, cela mène à :
- Des difficultés de communication avec les proches aidants. Ces difficultés ont des répercussions chez les proches aidants, telles qu’une baisse de la qualité de vie, une dégradation des relations familiales et de couple de même qu’une augmentation du sentiment de fardeau associé au rôle de soutien.
- Des difficultés de communication avec le personnel offrant les soins et les services pouvant limiter ou nuire à l’identification des besoins et à la dispensation des services. Les problèmes de communication entre les usagers et le personnel nuisent à leur relation et amènent une lourdeur pour le personnel qui doit fournir un effort plus grand pour assurer les soins nécessaires. Ces difficultés entraînent une perception négative du milieu de travail par le personnel, qui devient alors plus susceptible de se désengager ou de quitter l’emploi.
- Un déclin accéléré de la santé physique, psychologique et cognitive.
- Un risque de chute relié au trouble d’équilibre plus élevé.
- Une participation moins active aux prises de décision relatives à la santé et aux services offerts.
- Des difficultés de communication avec les pairs pouvant réduire la participation aux activités sociales et de loisir, entraînant un retrait et un isolement social.
- Des difficultés liées à la sécurité (ex. : difficulté à entendre le déclenchement de l’alarme d’incendie, une personne qui cogne ou qui sonne à la porte, ou quelqu’un qui entre dans la chambre ou dans l’appartement) occasionnant un risque accru pour la sécurité physique des usagers ainsi qu’un niveau d’anxiété plus élevé pour eux et pour leurs proches.
- Pour les usagers des services de soutien à domicile, des besoins accrus de soins et de services pour pouvoir demeurer à domicile ou même, dans certains cas, une incapacité de demeurer à domicile provoquant un placement prématuré dans une ressource d’hébergement.
Étant donné les impacts majeurs que peut avoir la déficience auditive sur les aînés hébergés en CHSLD ou
recevant des services de SAD et leurs proches et en cohérence avec sa mission de protection du public,
l’Ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec (OOAQ) considère essentiel de leur venir en aide
et propose la mise en place d’un programme de santé auditive dans ces milieux.
Résumé des recommandations de l'OOAQ
Le programme devra comporter les cinq composantes principales suivantes :
- la formation en santé auditive du personnel et des autres acteurs appelés à intervenir auprès des usagers;
- la création et la mise en place d’une ressource « intervenant en santé auditive »;
- l’évaluation et l’adaptation de l’environnement sonore;
- l’instauration d’un processus de dépistage de la déficience auditive;
- la dispensation de services en audiologie;
Un projet pilote devra initialement être mis en place, suivi d’un plan de déploiement pour l’implantation du programme dans tous les CHSLD et les équipes SAD du Québec.