Voir notre POLITIQUE DE CONFIDENTIALITÉ.
Ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec
Ordre des ergothérapeutes du Québec
L’Ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec et l’Ordre des ergothérapeutes du Québec encouragent l’implantation de la terminologie de l’initiative internationale de standardisation des diètes pour la dysphagie
La dysphagie est un trouble de la déglutition qui touche 8 % de la population mondiale. Même si ce trouble peut affecter une personne à tout moment au cours de sa vie, les enfants en bas âge et les personnes âgées sont plus vulnérables. En plus des frustrations et de l’isolement social que peut entrainer la difficulté à avaler, les conséquences de la dysphagie sont multiples.
L’Ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec (OOAQ) et l’Ordre des ergothérapeutes du Québec (OEQ) sont d’avis qu’une prise en charge des patientes et patients dysphagiques nécessite une approche interdisciplinaire et une compréhension commune des moyens et stratégies pour réduire les risques de complications reliés à la dysphagie et favoriser une déglutition fonctionnelle et sécuritaire. Ces moyens peuvent inclure la stratégie compensatoire de la modification de textures des solides ou de consistances des liquides. Dans le but d’assurer la sécurité des patientes et patients, il s’avère essentiel d’utiliser une nomenclature commune, interdisciplinaire, et scientifiquement reconnue facile à comprendre et à utiliser par les patientes, patients et leurs proches, ainsi que par le personnel des établissements. De même, la terminologie choisie doit être transposable au cours du cheminement de la patiente ou du patient dans son continuum de soins, et ce, dans tous les milieux de soins, comme à domicile.
L’OOAQ et l’OEQ considèrent que l’initiative internationale de standardisation des diètes pour la dysphagie (IDDSI) est une approche scientifique reconnue internationalement ayant été élaborée par une équipe interdisciplinaire internationale de professionnelles, de professionnels et de scientifiques (composée notamment de nutritionnistes, d’orthophonistes et d’ergothérapeutes) pour améliorer la sécurité des patientes et patients. C’est pourquoi l’OOAQ et l’OEQ souhaitent soutenir leurs membres dans les phases d’implantation de l’IDDSI au Québec.
De plus, l’IDDSI est un cadre de référence qui tient compte de la diversité culturelle dans son élaboration conceptuelle et dans les nombreuses traductions disponibles qui facilitent la communication. Il est transparent, en plus d’être disponible pour l’ensemble de la population sur le site Web d’IDDSI. Dynamique, il évolue avec les avancées scientifiques et selon les contributions internationales des multiples professionnelles et professionnels qui l’utilisent, ainsi que du comité interdisciplinaire global qui le chapeaute. Enfin, l’IDDSI est applicable, peu importe l’âge de la patiente ou du patient.
Conséquemment, l’IDDSI doit être considérée par les professionnelles et professionnels dans leurs prises en charge en déglutition. D’ailleurs, rappelons que cette terminologie est utilisée dans plus de 21 pays, incluant les États-Unis, le Canada, l’Australie et le Royaume-Uni. L’Academy of Nutrition and Dietetics (AND) de même que l’American Speech-Language-Hearing Association (ASHA) ont émis un communiqué conjoint annonçant leur support à la mise en place de l’IDDSI aux États-Unis, à partir du 1er mai 2019.
Au Canada, de nombreuses instances règlementaires et professionnelles comme Santé Canada, les Diététistes du Canada, Orthophonie et Audiologie Canada, de même que plusieurs sommités en dysphagie, dont Mme Catriona M. Steele, directrice du Swallowing Rehabilitation Research and Laboratory, appuient également son implantation.
En 2016, en Ontario, à la suite du décès par étouffement alimentaire d’une femme de 71 ans, en raison d’une mauvaise communication au sujet des textures lors d’un transfert à l’hôpital, le bureau du coroner de l’Ontario a notamment recommandé que la terminologie de l’IDDSI soit mise en œuvre dans tous les établissements de la santé et que le personnel soit formé pour comprendre et adopter cette terminologie. À la suite des recommandations du coroner, l’IDDSI est en cours d’implantation en Ontario, comme dans le reste du Canada.
Finalement, plusieurs fournisseurs de liquides de consistances modifiées, comme Nestlé et Lassonde, ont adopté la nomenclature de l’IDDSI sur les étiquettes des produits qui se retrouvent dans les établissements de la santé, dans les milieux de soins et disponibles à l’achat pour les patientes et patients à domicile. Les outils proposés par l’IDDSI pour la classification des consistances des liquides ainsi que la classification des textures des solides utilisent une nomenclature qui est identifiée de manière ludique. Ceci favorise la sécurité en permettant une communication précise à l’aide d’un graphique simple. Le code utilisé (chiffres, couleurs et termes) a été élaboré dans un vocabulaire choisi pour sa transparence culturelle. Dans l’approche de l’IDDSI, des techniques simples, basées sur des données probantes, sont utilisées pour vérifier la consistance d’un liquide et la texture d’un solide. Ces méthodes pragmatiques et conviviales ont été déterminées afin de faciliter l’application régulière de l’IDDSI dans tous les contextes, y compris à domicile, pour l’implication de l’ensemble des professionnelles et professionnels, les patientes et patients ainsi que leurs proches.
L’OOAQ et l’OEQ prônent que la patiente ou le patient et ses proches, en tant que partenaires aux équipes de soins, doivent obtenir les informations claires et avoir la capacité dans la gestion de leurs difficultés de déglutition afin de permettre des choix éclairés et, si cela est souhaité, maximiser la sécurité. Les outils proposés par l’IDDSI favorisent une telle communication. Manger étant un des derniers plaisirs accessibles aux personnes en grande perte d’autonomie ou en fin de vie, rappelons qu’une alimentation modifiée n’est qu’une stratégie compensatoire et que d’autres approches alternatives peuvent être proposées pour faciliter une gestion des risques sécuritaire sur le plan de leur déglutition. Les orthophonistes et les ergothérapeutes, en collaboration avec les autres membres de l’équipe interdisciplinaire, peuvent effectivement présenter d’autres stratégies dans un but de compensation ou de réadaptation, selon le contexte spécifique. Sur le plan scientifique, l’IDDSI s’impose comme étant la norme en matière de standardisation des diètes. Ainsi, dans une perspective de qualité des services et de sécurité des patientes et patients, l’OOAQ et l’OEQ encouragent l’utilisation de cette nomenclature élaborée en interdisciplinarité dans la prise en charge des patientes et patients dysphagiques.
Référence :