Décider d’évaluer sommairement ou de façon détaillée une cliente ou un client relève de la responsabilité de l’orthophoniste ou de l’audiologiste en fonction du contexte d’évaluation et du besoin de la cliente ou du client.

Le mandat

La population consulte en orthophonie ou en audiologie pour obtenir une opinion professionnelle. Il revient aux membres de déterminer les actions à réaliser pour répondre à ces demandes en tenant compte de plusieurs facteurs dont le contexte, les besoins, l’information déjà disponible, des moyens à disposition ainsi que de leurs propres aptitudes, compétences et connaissances. Les membres doivent aussi clarifier l’ampleur ainsi que les modalités des mandats confiés puis obtenir un consentement libre et éclairé avant d’entamer des évaluations.

L’évaluation complète

Une évaluation se doit toujours d’être complète. Elle peut cependant être sommaire ou détaillée.

L’évaluation sommaire

Dans le cadre d’une évaluation sommaire, l’orthophoniste ou l’audiologiste analyse la situation d’évaluation et prend la décision, à la lumière de son jugement clinique, de n’évaluer que certains éléments ou de les évaluer de manière non exhaustive. Dans certains cas, l’évaluation sommaire sera un examen rapide et succinct (quick look) permettant d’entreprendre des interventions dans de brefs délais. L’orthophoniste ou l’audiologiste pourrait procéder à une évaluation sommaire, mettre en place des objectifs d’intervention et se servir de ces interventions pour poursuivre une évaluation dynamique ou procéder à une réévaluation plus approfondie dans un deuxième temps.

L’évaluation détaillée

Lors d’une évaluation détaillée, l’orthophoniste ou l’audiologiste prend en compte plusieurs éléments de façon exhaustive, permettant une analyse en profondeur de la situation de la personne et des aspects de la communication, du langage, de la parole, de la déglutition, des fonctions auditive ou vestibulaire à évaluer. Dans les deux types d’évaluation, l’information recueillie permet de justifier une conclusion, des objectifs d’intervention ainsi que des recommandations.

L’évaluation incomplète

On parlera d’une évaluation incomplète lorsqu’elle est interrompue en cours de processus, de façon volontaire ou non, ou que certains éléments ont été omis ou écartés ne permettant pas d’établir une conclusion ou de déterminer des objectifs d’intervention. L’orthophoniste ou l’audiologiste doit alors documenter son dossier et justifier l’interruption ou l’omission de certains éléments de l’évaluation.  

Le jugement clinique

L’évaluation est un processus complexe qui nécessite de choisir les aspects à évaluer et les moyens à utiliser pour parvenir à poser une conclusion orthophonique ou audiologique. Les membres doivent chercher à avoir une connaissance complète des faits avant de donner des avis ou des conseils tout en évitant de poser ou de multiplier des actes professionnels sans raison suffisante. Ils doivent aussi s’abstenir de poser des actes inappropriés ou disproportionnés aux besoins de la clientèle.  

Une personne pourrait aussi mentionner sa réserve quant à la nécessité de réaliser les actions proposées. Il revient alors aux membres de fournir les informations pour permettre à la personne de comprendre et de prendre une décision éclairée. Les clientes et clients ont le choix d’accepter, de refuser, de modifier le mandat initialement établi, ou même d’interrompre le processus d’évaluation. L’évaluation peut alors être incomplète ou sommaire, et doit être documentée au dossier en précisant les aspects manquants à l’évaluation, les actions à entreprendre ou les pistes à explorer.  

Il se pourrait aussi qu’une personne soit ou ait été évaluée antérieurement par d’autres professionnelles et professionnels. L’orthophoniste ou l’audiologiste pourrait alors juger que ces données cliniques sont suffisantes ou pertinentes et complémentaires à sa propre évaluation et y faire référence dans sa synthèse des données. C’est en considérant l’ensemble des données disponibles et selon son jugement clinique que l’orthophoniste ou l’audiologiste prendra alors la décision des modalités et du processus d’évaluation.  

En conclusion

Déterminer si un aspect n’a pas à être formellement évalué, car il semble subjectivement normal, non relié ou pertinent au problème présenté ou évalué par d’autres professionnelles ou professionnels, reste la prérogative de l’orthophoniste ou de l’audiologiste. Le jugement clinique et le contexte d’évaluation permettent de prendre la décision de réaliser une évaluation sommaire ou détaillée, mais dans tous les cas complète.


Référence : Code de déontologie (articles 16, 18, 20)