Depuis plus de deux ans, l’OOAQ travaille activement sur les chantiers de la modernisation du système professionnel et l’élargissement des pratiques professionnelles. Bientôt, une première étape sera accomplie, soit l’adoption du projet de loi 67 qui vient modifier le Code des professions et les actes réservés à notre ordre professionnel. Ce dénouement prochain me remplit de fierté, mais suscite chez moi une grande réflexion.  

Ainsi, le travail colossal qu’impliquent ces grands dossiers reste bien souvent dans l’ombre, notamment par souci de confidentialité due au respect du privilège parlementaire et des différents processus législatifs. Ce pan incontournable du rôle sociétal de l’Ordre occupe une grande place au quotidien, mais demeure méconnu, et j’ai envie de vous partager certains éléments de ce rôle puisqu’il existe un parallèle indéniable avec la pratique clinique. 

« L’occasion de s’inscrire au calendrier législatif et de modifier une loi-cadre est rare. Avoir l’opportunité d’améliorer une loi par un changement législatif majeur est un privilège.  »

L’occasion de s’inscrire au calendrier législatif et de modifier une loi-cadre est rare. Avoir l’opportunité d’améliorer une loi par un changement législatif majeur est un privilège. Toutefois, ce privilège s’accompagne de nombreuses tâches, d’échéanciers parfois serrés, de réflexions nécessaires et parfois ardues, de rencontres à solliciter et à planifier, et de remises en question constantes. En filigrane de tout ce travail se trouvent des principes essentiels pour le succès de nos relations gouvernementales ou même professionnelles.  

La patience 

De la même manière que pour modifier une loi, créer un changement dans son milieu clinique, auprès de collègues ou de gestionnaires est un long processus. Plusieurs le diront, ce n’est pas un sprint, c’est un marathon. La patience et l’espoir demeurent centraux pour faire tomber les murs qui se dressent lors d’un tel processus. Je l’avoue, la patience n’est pas ma qualité première. De là l’importance de s’entourer d’une équipe qui modère nos attentes, nos envies de tout abandonner et qui nous souligne chaque petite avancée vers l’objectif visé.  

Bientôt, le projet de loi 67 sera sanctionné par l’Assemblée nationale. Pourtant, à rebours, la première décision difficile qui nous a menés à ce moment historique a été prise en 2018. Sept ans à construire brique par brique un argumentaire intelligent, censé, inspirant et convaincant. Sept ans à repenser, revoir notre stratégie, prendre des pas de reculs, rester à l’affût des opportunités et les saisir lorsqu’elles se présentent. Parfois, les processus sont si longs qu’on a uniquement la chance d’y contribuer. Cette fois, j’aurai le plaisir de le voir aboutir avec vous en tant que président. 

La conviction

Pour être convaincant, il faut être convaincu. Croire en nos arguments, croire en notre mission, croire aux bénéfices que notre objectif amènera s’il est atteint. Il faut croire en soi évidemment, mais il faut aussi faire confiance aux autres. Pour ce faire, notre vision doit être périphérique, voire 360 degrés; nous devons analyser tous les angles, surtout les angles morts. Être son propre avocat du diable afin d’être en mesure de répondre intelligemment aux questions difficiles, mais pertinentes, le moment venu. C’est un travail de défrichage et de profondes remises en question dans lequel l’impulsivité est le pire ennemi.    

Nous avons besoin des autres  

Créer et maintenir de bons liens et des canaux de communication ouverts et actifs avec nos partenaires et homologues sont des conditions sine qua non pour provoquer un changement réel et significatif. Encore une fois, il est important d’inclure les personnes qui ne partagent pas nos idées ou qui vont même en vents contraires.  

En effet, les avis divergents mettent parfois en lumière des situations, des enjeux potentiels que nous n’aurions pas considérés autrement. Parfois, il faut se laisser influencer et, au fil d’échanges et de discussions, notre argumentaire n’en sera que plus solide. 

La transparence, la disponibilité et l’implication amènent nos collègues et gestionnaires à nous faire confiance et reconnaître notre crédibilité. Il faut être là, à l’écoute. Qui sait? Peut-être qu’à un moment ou un autre, nous aurons besoin d’appuis, et peut-être que l’un de ces appuis proviendra d’une source insoupçonnée. 

Je sais, j’attise votre curiosité en vous parlant du projet de loi 67. Je ne peux malheureusement pas tout vous révéler avant son adoption. Cela dit, j’aurai de bonnes nouvelles à vous transmettre bientôt lorsque la loi sera sanctionnée par les parlementaires.  

En attendant, un webinaire est en préparation. Celui-ci s’adressera à l’ensemble des membres. Je vous présenterai un historique des toutes les actions entreprises au cours des dernières années afin de modifier le Code des professions 

L’histoire ne s’arrête pas ici. J’espère que nous pourrons travailler ensemble pour la suite, car il y a encore plus difficile que de modifier une loi : changer une culture.  

Et c’est la prochaine étape.  

 

Votre président,

Paul-André Gallant, MBA, ASC, M.P.O., orthophoniste