Voir notre POLITIQUE DE CONFIDENTIALITÉ.
Comme annoncé dans l’infolettre du 22 février 2024, il m’apparait important d’aborder une frontière poreuse et difficile à définir : celle entre la vie professionnelle et la vie personnelle.
Cette frontière n’est jamais opaque et la protéger est un défi. Je peux en témoigner. Quotidiennement, nous devons jongler avec les listes d’attente, les exigences des milieux, notre agenda familial, professionnel, sans compter l’agenda des autres ; jongler entre le maintien d’une bonne santé physique et mentale tout en venant en aide et en accompagnant celle ou celui qui en a besoin. Ajoutons à cela l’arrivée des plateformes Web collaboratives où se multiplient les conversations et les réunions, les courriels, les textos et les appels. Il n’y a plus de limites physiques entre le travail et la maison. La conciliation travail-famille est un défi de tous les jours et la charge mentale peut être bien lourde à porter.
« La pratique réflexive et l’écoute sont les outils les plus significatifs pour identifier le moment où il faut reconnaitre et mettre ses limites. »
De plus, les besoins de nos clientèles — voire de la population — sont grandissants et ils nous suivent bien souvent après nos heures de travail. Cela entraine une réflexion sur les limites qu’implique notre vie professionnelle par rapport à celles des clientèles que nous accompagnons et desservons. La relation avec nos patientes et patients étant au centre de nos actions, la pratique réflexive et l’écoute sont les outils les plus significatifs pour identifier le moment où il faut reconnaitre et mettre ses limites. Cela peut être confrontant et entrainer de l’insatisfaction ou une perception d’impuissance. Toutefois, ces sentiments sont-ils liés aux standards de qualité reconnus ou à ceux que l’on s’impose à soi-même ? Notre pratique est-elle réellement problématique ou est-ce plutôt notre pratique idéale, celle que l’on aimerait être en mesure de donner qui n’est pas atteinte ? Est-ce qu’il y a un enjeu avec les services offerts ou est-ce davantage ceux que l’on aimerait rendre qui sont impactés ?
Devant ce fourmillement de réflexions et de remises en question, il faut accepter que la frontière entre vie personnelle et vie professionnelle soit perméable. Cependant, je nous invite à faire preuve d’indulgence envers nous-mêmes et à remettre les choses en perspective.
Pour ajouter à nos préoccupations familiales, personnelles et professionnelles, les médias traditionnels et sociaux nous présentent jour après jour des situations terribles qui sévissent au-delà nos frontières. Nos valeurs profondes de cliniciennes et cliniciens sont durement éprouvées. D’autant plus qu’en tant qu’orthophonistes et audiologistes, nous sommes les spécialistes de la communication humaine et possédons les compétences pour l’améliorer, la maintenir ou la rétablir.
Que l’on parle de la crise en Haïti, des guerres à Gaza, au Soudan ou en Ukraine, pour ne nommer que ces exemples, il demeure essentiel de rappeler que la communication demeure l’arme la plus redoutable pour exprimer désaccords, frustrations ou indignations. Elle reste le rempart aux ponts qui se fragilisent trop souvent entre individus ou entre populations.
Souhaitons que les armes s’abaissent et que les bombes cessent enfin pour que soient privilégiés le dialogue et la parole, et que l’humanité triomphe sur les luttes de pouvoir, la mésinformation et le silence.
Votre président,
Paul-André Gallant, MBA, ASC, M.P.O., orthophoniste