Des audiologistes offrent des services dans les milieux de vie comme à domicile, en résidence pour personnes âgées, en milieu de travail, dans les écoles, etc. Dans ces contextes, des obligations professionnelles spécifiques doivent être respectées, notamment lorsqu’il s’agit d’une évaluation audiométrique hors cabine insonorisée.

La présente fiche vise à :

  • spécifier les conditions et les normes sous-jacentes à une évaluation audiométrique valide;
  • présenter les obligations professionnelles lorsque le contexte d’évaluation ne permet pas le respect de ces normes.

 

Application des normes bioacoustiques

L’article 14 du Règlement sur les dossiers et la tenue des bureaux des membres de l’OOAQ stipule que la salle qui sert à l’évaluation audiologique ainsi que l’équipement et les accessoires afférents doivent, en tout temps, respecter les normes bioacoustiques de la Série S3 en vigueur établies par l’American National Standards Institute (ANSI) ainsi que toutes modifications ultérieures qui y sont apportées. 

Ces normes s’appliquent, peu importe la pièce où a lieu l’évaluation audiométrique. Par conséquent, une ou un audiologiste peut procéder à l’évaluation de l’audition d’une personne à l’extérieur d’une cabine insonorisée lorsque la situation l’exige. Cependant, dans un tel cas, tout comme lorsque l’examen est réalisé en cabine insonorisée, l’environnement doit respecter la norme S3.1 émise par ANSI.  

La norme S3.1 Maximum Permissible Ambient Noise Levels for Audiometric Test Rooms a pour but de s’assurer que les niveaux de bruit ambiant dans la pièce utilisée pour réaliser l’audiométrie n’ont pas d’effet de masquage ou ne vont pas influencer la mesure des seuils auditifs. L’audiologiste ne peut pas se fier à sa propre perception du bruit pour s’en assurer et se dégager de son obligation de mesurer le niveau de bruit ambiant avant de procéder à l’évaluation audiométrique.  

Les mesures de bruit requièrent :

  • l'utilisation d'un sonomètre muni d'un filtre qui répond aux exigences des normes ANSI;

        OU

  • l’utilisation d’une méthode psychoacoustique.

Sonomètre

La méthode la plus souhaitable et la plus recommandée pour mesurer le bruit ambiant dans une salle de test audiométrique est l’utilisation d’un sonomètre avec un filtre par octave, par tiers d’octave ou d’un système d’analyse par fréquence. Il doit répondre aux exigences relatives à un sonomètre de type I et avoir un bruit interne d’au moins 3 dB en dessous des niveaux de bruit ambiant de la pièce.

Dans le cas où un sonomètre ne serait pas disponible, il est possible d’utiliser une méthode psychoacoustique. 

Méthode psychoacoustique

  • Méthode selon la norme ANSI   
    • Vérification des seuils auditifs de deux personnes dans la pièce où aura lieu l’évaluation audiométrique.
    • Les seuils auditifs de ces personnes doivent avoir été préalablement testés selon les normes ANSI et être connus comme étant dans les limites de la normale à chaque fréquence testée.
  • Solution de rechange raisonnable 
    • Vérification par l’audiologiste de ses propres seuils auditifs connus comme étant dans les limites de la normale à chaque fréquence testée.  

Facteurs à considérer 

  1. Lors d’une évaluation audiométrique effectuée hors cabine insonorisée, le jugement clinique de l’audiologiste doit orienter toutes les prises de décisions.
  2. Les niveaux maximums de bruit ambiant permis dépendent :

    • des conditions audiométriques;
    • des fréquences testées;  
    • des transducteurs utilisés.
  3. Les mesures de bruit doivent être prises dans les pires conditions de bruit ambiant possibles de la salle où seront effectués les tests et doivent être effectuées :

    • lors d’une évaluation dans une nouvelle salle;
    • à chaque fois qu’une nouvelle source de bruit apparaît dans l’environnement.
  4. L’utilisation des écouteurs intra-auriculaires est à privilégier puisqu’ils atténuent davantage le niveau de bruit ambiant en basses fréquences que les écouteurs supra-auriculaires.
  5. Les niveaux de bruit ambiant permis pour l’utilisation du vibreur osseux sont beaucoup plus faibles qu’avec des écouteurs puisque les oreilles ne sont pas couvertes. 
  6. Il est préférable d’avoir accès à une évaluation audiologique antérieure de la cliente ou du client à laquelle l’audiologiste peut se référer avant de procéder à l’évaluation audiométrique.
  7. L’audiologiste doit inscrire au dossier les modalités d’évaluation, les procédures, les tests, les normes et les méthodes utilisées, notamment en inscrivant dans la synthèse des données relatives à l’évaluation audiologique :

    • que l’évaluation des seuils auditifs a eu lieu à l’extérieur d’une cabine insonorisée;
    • tous faits susceptibles d’en influencer les résultats;
    • les raisons qui ont motivé la tenue de l’évaluation si la norme ANSI S3.1 n’a pas pu être respectée.
  8. La validité des mesures ainsi obtenues pouvant alors être remise en cause, il appartient à l’audiologiste d’ajuster son plan d’intervention et les recommandations qui suivront en conséquence.
  9. Lorsque requis et si la situation le permet, une évaluation audiométrique en cabine insonorisée devrait compléter les données recueillies lors de la visite dans le milieu de vie.  

En conclusion

La visite d’une ou un audiologiste en milieu de vie :   

  • est une pratique encouragée afin de répondre aux besoins spécifiques de certaines clientèles;
  • est souvent très riche en informations et permet d’adapter spécifiquement les recommandations selon l’environnement du milieu de vie de la cliente ou du client;
  • pourrait viser d’autres objectifs, tels que :
    • procéder à un dépistage auditif;  
    • évaluer les besoins;
    • sensibiliser ou habiliter l’entourage aux problématiques de la cliente ou du client;
    • adapter un poste de travail ou un milieu de vie (salle de classe, CHSLD, etc.) sur la base d’une évaluation préalable;
    • rencontrer des collaboratrices et collaborateurs pour élaborer un plan d’intervention;  
  • peut aussi s’avérer la seule option possible qui permette de répondre aux besoins d’une personne à mobilité réduite ou en grande perte d’autonomie.